Journée humide
C'est cette photo de profil que j'ai choisie. Je l'adore cette photo, c'est tout moi. Sublime, souriante à 32 dents et 2 dehors, généreuse qui offre des cadeaux de daube, tout dans la nuance et la subtilité. T'aimes pas, je t'emmerde. T'aimes, t'es pas un peu con sur les bords ? T'es pas d'accord avec moi, j'enfonce le clou, j'ai forcément raison, même si j'ai tort.
Mais des fois, je pleure.
2 fois aujourd'hui. Rarement c'est plus, souvent c'est moins.
La première fois, ce matin à la réception du courrier. L'expert de l'assurance pour le cambriolage et le vol de mes bijoux de famille (ça fait couilles-bite, mais là c'était juste tout ce qui me venait de ma mère, grand-mère, arrière-grand-mère, et qui se transmet de fille en fille, ma fille n'aura donc rien). Ca valait entre 5 et 10 000 euros. L'assurance me file 650 euros.
J'ai pleuré. J'aurais aussi pleuré pour plus. J'aurais pleuré de toute façon, la perte sentimentale, ça mord fort. J'évite d'y penser, ça blesse, ça me fout la honte, et ça mord fort.
Haïku m'a traînée voir Sugarman au MK2 Beaubourg. J'avais moyen envie, faut dire.
C'est extraordinaire. Cette histoire, cet homme hors du commun, si talentueux, si sage, si touchant, si... oh la vache, j'ai pleuré. Ces salauds qui se sont enrichis sur son dos alors qu'il continue à faire des chantiers à 70 balais. Ses mains sont cassées par le travail, il vit dans une baraque pourrie dans l'une des villes les plus pourries de la somptueuse Amérique, Detroit.
A la sortie, Haïku, tout aussi liquide que moi, alors qu'elle voit le film pour la seconde fois, m'a offert le CD de Sixto Rodriguez. J'ai pleuré.
Ca fait trois fois. C'était une journée très humide. Même qu'il a plu.