Papa, le vent, la vie.
Tout comme les copinautes en général, je subis une baisse d'envie de communiquer par blog. Et même par blague.
Mon espousé vient de pondre un article honteux de brièveté et de foutage de gueule, alors qu'il m'a séduit en premier lieu par sa prose directe et humaine et tendre.
Remarque, maintenant, c'est plus la peine qu'il m'écrive, on se cause sur l'oreiller, dans la ouature, sur la plage, dans la cuisine et tout partout. Et même quand on se cause pas, un regard suffit. Je crois que j'aime ce trouduc mec.
Je m'aperçois que j'ai essayé moi aussi de le séduire, dans le temps, par mon verbe fécond et mes outrances stylistiques qui sont un peu à la danse classique ce que sont les élucubrations d'une équipe de curling bourrée dans un champ de betteraves.
Je suis de retour à Courbi ce soir, après un séjour ventilé aux quatre coins de la plage West Coast. On s'est baigné encore une (ou trois) fois, seuls ou presque à Kerver, dans les vagues gifflantes, l'écume et le soleil qui joue à cache-nuage. C'était bien, on a 120 ans à nous deux, mais 8 1/2 dans la flotte.
Nous sommes allés voir mon paternel. Sa "fiancée" était à Toulouse chez ses enfants.
"Elle me manque pas du tout" a déclaré le patriarche. "Et puis elle sait pas faire le jardin, il a fallu que je reprenne les choses en mains. Des mauvaises herbes partout... j'avais honte !"
Papa, 84 ans, semble sur le point de répudier sa fiancée à laquelle il préfère Gros-chien-qui-pue, j'en ai peur (pas sexuellement, soyons claire !)
Il me l'a dit déjà, il y a quelques années. Dans ma vie, j'ai aimé ta mère. Point. Les autres...
J'ai eu droit à de jolis bouquets de son jardin.
Mais il m'inquiète. Il fait souvent référence à sa mort.
Quand je ne serai plus là...
J'ai vendu les sapins de mon terrain là-bas...
Michel, tous les outils de mon garage... tu te serviras.
Je ne veux pas le perdre.
On a bien ri tout de même, je lui ai raconté mon aventure à la gare d'Asnières avec les pétasses anti-mariage pour tous. Et puis on est allé visiter le centre bouddhique installé étrangement dans son bled.
Mac était vénère. Il avait oublié son appareil photo. Ce n'est que partie remise... cet endroit est absolument délirant dans ce centre Bretagne isolé de tout, dans les fleurs, les fougères, les forêts merlinesques. Même que le Dalaï est venu il y a deux ans. Le plus grand centre bouddhique d'Europe ! Chez mon paternel qui n'a jamais cru en rien.
Il a cru au grand soir, mais c'était il y a longtemps.
Il ne croit plus en grand chose. Moi non plus.