A table !
Rassurez-vous je ne vous infligerai aucune recette de cuisine, j'ai déjà tout révélé en vous donnant généreusement et gracieusement les secrets de fabrication de mes inénarrables "Pâtes au beurre". Bon, si l'un d'entre vous insiste, je dévoilerai les charmes de mes Knacki à la moutarde de Dijon, mais plus tard.
En fait, je reviens du cinoche-binouze-assiette-de-frites, rituel que je partage avec mon amie Haïku. Nous n'y étions pas allées depuis des lustres, vu qu'on s'était fritées la dernière fois, mais sans binouze. C'était un film avec Léa Seydoux-mais-c'est-mou, qui a un filet mignon de voix, le dynamisme et la force de persuasion d'une boule de mozzarella di bufala. Haïku aime le fromage italien, moi pas.
Mais le passé est le passé, le présent, le présent et demain est un autre jour.
Nous sommes allées voir le film de Guillaume Gallienne de la Française Comédie.
C'est l'histoire d'un garçon, troisième fils d'une famille de l'über-bourgeoisie qui, plus sensible et délicat que ses frères, passe pour un pédé aux yeux de tout son entourage, sa mère en tête. Il lui faudra souffrir et passer par bien des mésaventures pour trouver enfin son "genre".
Ce type est un comédien Rolls. Le Silver Shadow de luxe. Il se joue jeune, il joue sa mère, sans que jamais le trait ne soit forcé. On regarde, l'oeil équarquillé, cette femme so chic chier la porte des WC ouverte, houspiller les invités, balancer des scuds insensés à son fils qui la vénère totalement.
Ce n'est pas que drôlissime. Derrière chaque rire, de l'émotion face à la tragédie de ce jeune homme qui se cherche. S'il n'est pas femme, il les aime toutes, il les dévore des yeux, étudie leurs soupirs, leurs gestes, les joue, les écoute, les vampirise aussi. On sent, puisque c'est autobiographique, que le talent exceptionnel de Gallienne comédien a pour source - en partie du moins - cette observation entomologique de la gent féminine.
Il n'y a pas que la mère, les tantes sont effrayantes aussi. L'une d'elle explique à son neveu la façon de faire avec les hommes. Phase 1 - tout donner, tout. Phase 2 - quand ils commencent à s'attacher, ne plus rien donner du tout, devenir froide comme un glaçon. Phase 3 - les tenir par les couilles et serrer, serrer ! Joli programme...
Les hommes sont peu présents finalement. Des imbéciles homophobes de collège, des masseurs brutaux, des pédés peu ragoûtants, un père figé, des frères monolithiques... des silhouettes sans grand intérêt.
Mais les femmes, chaque femme, a droit son portrait, de l'hôtesse espagnole qui l'initie à la sevillana, à la grand mère qui perd un peu la boule (grandiose Françoise Fabian, toujours de la balle atomique).
Cérumen sur le gâteux, la musique top moumoute du toupet qui tue. La scène du manège avec l'ouverture du Tannhäuser, la scène de la piscine avec Supertramp, etc.
Gala Wagner "Tannhäuser " (Ouverture)
Direction musicale: Paolo ArrivabeniOrchestre de l'Opéra Royal de Wallonie." />
Mais faut pas spoiler, ça empêcherait de s'poiler - ahaha, je m'esclaffe, je m'esbaudit, suis-je drôle !!!! Non. Bon.
Brèfle, allez-y, ou n'y allez pas. Après tout, qu'est-ce que j'en ai à foutre, j'ai nib de pourcentage.