Chez les D.
Chez nous, les D., maison de confiance fondée en 2010 - c'est dire le poids des ans, le choc des dents et l'incrustation profonde de la tradition ancestrale - on ne rigole pas avec les valeurs familiales, le respect aux aïeux et le dépôt de gerbe sur les tombes vénérées, surtout après une soirée arrosée.
Notre coquet salon manquait cruellement d'un rappel des glorieux prédécesseurs qui ont fait de notre famille recomposée un modèle pour bien des couples qui démarrent dans la vie bourgeoise et qui regardent vers nous tel le héron alangui se mire dans le reflet de la lune, au soir, quand les troupeaux rejoignent l'alpage après une aprèm bingo dans la salle de patronnage de Saint Michel Chef Chef.
Que l'on se rassure, c'est chose faite. Et non sans sacrifice.
Nous nous sommes séparés, avec regret et quelques larmes discrètes de ma part, d'un magnifique tableau entièrement brodé à la main représentant le brame du cerf au fond des bois, quand la chouette ulule, le lapin pullule, et le pervers... euh. Voilà.
Cette belle beauté a été remplacée par un portrait de notre maître à penser. Notre modèle. Notre héros qui périt par une journée fatale sur la plage du Kerver, haut lieu de dévergondage puisque tous et toutes s'y pressent nus !
Tonton Tintin, marin bourru, flibustier des mers sauvages, qui pourtant avait bourlingué sur des flots déchaînés, ne survécut pas à ces visions dyonisiaques de sexagénaires interlopes étalées comme des sharpeis moroses sur leurs draps de bain. Crac, boum. AVC. Adios.
I memoriam.
Here's to you, our Tonton Tintin
Rest forever here in our hearts
The last and final moment is yours
That agony is your triumph !