Hors contexte
Copain Bleck raconte dans son dernier article sa rencontre fortuite avec son chirurgien dans la rue, et son incursion involontaire dans la sphère privée de cet homme qu'il ne connaissait que dans le cadre de sa noble profession.
Il m'est arrivé parfois de croiser des personnes "hors contexte" et de mettre un instant à les reconnaître alors que je les fréquentais pratiquement quotidiennement.
Je me souviens être tombée nez à nez, gare Montparnasse, avec une femme qui m'a poliment saluée. Alors oui, le visage était familier, mais putain de bordelakeu, qui était cette gonzesse ! J'ai souri et salué à mon tour. 5 minutes plus tard, assise dans mon train et sur mon arrière du même nom, je me suis rendue compte que c'était Madame Thérèse, la tenancière du bistrot de la rue Andre del Sarte, juste en face de l'école maternelle, chez qui je buvais chaque matin un petit café avec mes copines mères d'oeuf. La honte !
C'est le vrai bouclard de Madame Thérèse. Fermé depuis quelques années...
Plus incongru.
Je descends un beau matin le Boulevard Barbès (Paris 18), artère centrale d'un quartier populaire et de tendance africaine. Arrivée pratiquement à la hauteur du métro, la lourde porte d'un immeuble hausmanien s'ouvre, et sort à reculons un type courbé en deux, tirant un chariot de shopping. Un vieux bébé expulsé de la matrice par le siège. Maladroit, le mec. Quand j'arrive à sa hauteur, il me bouscule d'un grand coup de dargif.
Aimable comme à l'accoutumée, je m'apprête à le houspiller vertement, quand il se relève, se retourne, me sourit, un peu confus, et s'excuse platement dans un français approximatif.
William Hurt !
Je suis restée bouche bée, vissée sur place.
Il est parti faire ses courses au Lieder Price de la rue Clignancourt, en charriant son traîne-bouzin.
Je suis persuadée depuis que tout est possible, et je guette. Bruce Springsteen chez Carrefour Market, Brad Pitt au kébabier du coin, Sharon Stone chez Quick...
Notez bien, j'attends toujours.