Alice au pays des satyres puants

La jouissance serait une petite mort. Ben d'accord pour crever alors, si c'est bon en petit, ce sera le grand pied en grand, du coup j'ai moins peur de taper le baquet. Partir dans un orgasme maximal, et se dissoudre dans l'espace. Oui, je vote pour. Et après ? Après, on s'en fout, on est mort ! On n'est plus rien, comme avant, quand on n'était pas né, comme un poisson carré. On reste un souvenir plus ou moins heureux dans la tête de ceux qui restent. Vivant, on espère que le souvenir sera bon. Mort, on s'en talque.

Pourquoi ces réflexions oiseuses et morticoles ? Nous avons vu "21 nuits avec Pattie" des frères Larrieu. On connaît les frangins Dardenne, qui fileraient le bourdon à Maya l'abeille, les frères Coen, hilarants et décalés, les soeurs Goadec, dans un registre radicalement différent... les Larrieu, moins.

Leur truc, c'est le cul et la mort. Eros et Thanatos. Voire les deux ensemble, carrément.

Karin Viard parle crûment et goulûment de ses levrettes, sodomies et autres chevauchées fantastiques. Dussolier parcourt les routes de France, à l'affût du moindre macchabée nouveau, il est nécrophile. Isabelle Carré est frigide, sa mère libertine... et fraîchement décédée. La forêt est pleine de phallus impudicus,ou satyres puants, champignons en forme de bite (appelons une chatte une chatte !).

On pourrait craindre le sordide, l'ignoble, la nausée, le vulgaire. Etrangement, rien de tout cela.

Dans une nature d'une beauté à couper le souffle, s'ébattent des êtres dyonisiaques alors qu'un fantôme évanescent danse autour de la piscine. C'est une ode sensuelle, fougueuse et turgescente à la vie dans ce qu'elle a de plus charnel. C'est hilarant, parfois, quand Karin Viard raconte ses frasques. Poétique, chaque fois qu'André Dussolier se lance dans un monologue verbeux. Onirique quand Isabelle Carré erre dans la forêt, Alice au pays d'étranges merveilles.

On sort de la projection un rien décontenancé, ne sachant pas exactement ce qu'on a vu, si on a aimé ou pas. Incapable donc de recommander chaleureusement ou de conseiller la fuite éperdue. 24 heures plus tard, le doute subsiste...

Comments

[S.]

Ahhhhhhh les Power Rangers.... z'ont fait des DVD après...

Je n'y avais pas pensé au bouquin. Avec une lampe frontale, c'est tout à fait possible...

Faut absolument filer de tuyau au jeunes mères, ça peut sauver des vies !

[S.]

Ça fait plus de 15 ans que je me tape contrainte et forcée des Disney, Pixar (et ce ne sont pas les pires) des Planètes des Singes et tant d'autres chefs d'oeuvres du 7eme Art dont je ne me souviens plus, je me suis même fait un Norman (pas le sapin hein, le youtuber) pour te dire le degré de dévotion...

Bon bé tu vois lá c'est fini, je suis à la retraite du cinéma choisi par les enfants et j'ai une soif, que dis je, une pépie de films arbitrairement décrétés bons pour moi, par goût, par envie, peut être les pires navets, mais les miens au moins...

[S.]

Vu sans l’avoir vraiment choisi la semaine dernière pour cause d’accompagnement de moutards pré-pubères dans un petit cinéma de banlieue, le film n’avait pas pléthore de concurrents à l’affiche….

J’étais resté sur « les derniers jours du monde » des Frères Larrieu qui m’avait fait fuir d’une salle de cinéma avant le générique de fin pour la 1ere fois de ma vie, mais comme visionner Baby Sitting 2 était totalement au-dessus de mes forces, j’ai tenté ma chance.

Ben j’ai zaimé ! J’ai eu un fou rire en partie provoqué par les réactions offusquées de mes voisines à cheveux bleus, mais surtout parce que Karine Viard est quand même assez fantastique dans le total décalé…

La nature est sublissime et même si c’est vraiment le registre des Larrieu’s Brothers, j’ai passé un moment chaud et gai et Dieu sait si ça fait du bien par les temps qui courent ma bonne dame…

[lizathenes]

Tu es la 2e personne que je lis et qui parle de ce film pour lequel visiblement le lecteur ou la lectrice que je suis à du mal à se faire une idée - comme le spectateur ou la spectatrice visiblement.