La coulpe est pleine
Ce matin, dès potron minet, je balance ma couette Télétubbies d'un geste franc et massif, déroule mes bigoudis, change ma couche Confiance et allume Radio Courtoisie.
Comme à l'accoutumée, je prends mon petit dèj avec l'ami Ricoré (j'ai connu des amis plus diserts, ce type n'a aucune conversation !)
Profitant de ma bienheureuse solitude (l'homme est à l'ouest, ma fille dans les bras d'un bellâtre ténébreux du côté de Louveciennes), je retire ma longue chemise de nuit rose pâle en pilou (une Damart de première bourre) et me mire, nue dans le grand miroir du couloir.
Putain, ça craint du boudin... on pourrait même résumer la phrase à "boudin".
N'écoutant que mon courage et mon envie légitime d'être une dinde fourrée pour Noël, je plonge dans le placard de l'entrée, et en ressors le matos : les petits pois vert pomme, le tapis de sol et la ceinture en plastoque qui fait suer la taille et le bidou. Mon problème se concentre dans cette région, pour le reste, tout n'est que maigritude et platitude, la Beauce.
Et c'est parti mon kiki, je commence à m'agiter dans le salon, j'ai fait longtemps de la gym avant d'abandonner lâchement l'affaire, je connais donc plus ou moins bien la routine.
Le truc chiant avec la gym, c'est que c'est chiant. En salle avec des copines, ça passe, mais toute seule, plastifiée dans ton salon, à courir sur place pour t'échauffer le palpitant, tu as l'air très con et tu t'en talques, mais tu t'ennuies à mort.
Alors tu allumes la télé pour occuper ton esprit pendant que ton corps tente de s'éloigner de l'idéal Mayol.
Dimanche matin, c'est pas folichon... des programmes pour moutards, pour religieux de toutes confessions, pour ménagères compulsives, les pubs pour Noël... et puis sur Canal +, "La Famille Bélier".
L'an dernier, j'écrivais ça :
L'un des gros succès de l'année sera "La famille Bélier" de je ne sais plus qui non plus (mais pas le même que les deux précédents).
Je ne suis pas allée le voir pour cause de manque d'appétence au lu du scénario. La fille de parents sourds devient chanteuse, sur une musique de Sardou. Ca sent la recette à trois balles et la rillette de terroir. Bon. Paraît que c'est pas si mal, ça marche du feu de Dieu, tant mieux pour je ne sais plus qui.
J'ai toutefois la crainte de voir fleurir des clones sur le même mode...
La fille d'un couple de culs-de-jatte devient patineuse artistique sur une musique d'André Rieu.
Le fils d'un couple d'aveugles devient sniper sur une musique de C. Jérome.
La fille d'un couple de manchots devient pianiste virtuose sur une musique d'I Muvrini.
Le fils d'un couple d'ultra-cathos devient djihadiste sur une musique de Michèle Torr.
La fille d'intellos germanopratins devient star de la téléréalité sur une musique de David Guetta...
Que de fulgurants navets en perspective !
Bon, je bats ma coulpe, qui a une plus jolie ligne que ma croupe. Ce n'est pas un chef d'oeuvre, la petite Louane joue comme un tapis de souris, mais j'ai pleuré à la fin.
Je crois en fait que tout film ayant au casting Karin Viard (Damiens et Elmosnino sont top aussi) ne peut être mauvais. Même avec du Sardouille en bande son.