Complètement à l'ouest 8 - A table !
Tu as beau être d'une intelligence rare et d'une ouverture d'esprit à nulle autre pareille, quand tu débarques pour la première fois aux States, quelques clichés tenaces t'encombrent l'occiput.
Exemple :"Les Ricains bouffent mal, grasucré, ils se tapent des portions de mammouth et finissent par ressembler... à des mammouths."
Tout ceci corroboré par la copine qui voyage beaucoup là-bas et te raconte des visions dantesques en Floride, à Las Vegas et ailleurs. Et parce que tu lis parfois des rapports qui confirment le cliché du ricain super-size.
Évidemment, il faut nuancer, préciser... l'américain, ça n'existe pas. Sur un si grand territoire, peuplé de tant d'habitants, l'américain, ça ne veut rien dire.
On s'énerve bien aux légendes qui courent sur les Français : on est sale, on ne se lave pas les dents, on est arrogant, pas aimable (c'est sans doute pour cela que nous restons la première destination touristique au monde !), le français est la langue de l'amour (exemple : "Va te faire enc.ler !"), langue avec laquelle on roule les meilleures pelles de la planète, puisque le français est un amant hors pair (mais avec une sacrée paire), il est adepte du ménage à 3, à 4, à 5 à 7. Les françaises sont toutes minces, élégantes et elles ont la cuisse d'une légèreté incomparable, puisqu'elles passent leurs loisirs à la lever bien haut au Moulin Rouge.
Bref, nous sommes une bande de crados libidineux, et j'ai bien entendu oublié le rayon culinaire : on bouffe des gastéropodes, des amphibiens, on fait crever des oies pour leur bouffer le foie, on picole (mais tout ça, c'est un peu vrai).
Brèfle. Je débarque à San Francisco, prête à croiser Jabba the Hutt à tous les coins de rue, me bouchant le nez à l'avance des effluves de McDo. Parce que je suis désolée, mais McDo, ça pue. Prend le métro à côté d'un gus qui se tape son double cheese machin avec frites à même le carton, ça schlingue féroce, c'est gerbant.
Pas un gros dans le paysage. Le San Franciscain aime son corps comme son chien et le soigne bien. Il mange "organic" c'est à dire bio, il bannit le lactose, le gluten et privilégie le veg, donc le sans viande. Il kiffe la fusion : la bouffe mexicaine, assez grassouillette, est allégée et travaillée différemment, c'est bon, épicé, et léger ! Il faut dire que le San Franciscain cavale en permanence, la zique aux oreilles, la laisse du chien attachée à la ceinture, ou en poussant le landau du petit dernier à TGV. Il fait pas mal de vélo aussi, j'ai même vu un père de famille avec son moutard sanglé dans le petit siège arrière, dans une côte digne d'un col de 1ère catégorie...
Mais Lili m'avait fait promettre :
On ira dans un diner's - oui.
Au Mel's Drive in, déco American Graffiti, serveur idoine, bouffe fade et addition salée.
On mangera un vrai hamburger - oui.
Dans le quartier gay (Castro et pas Gastro), c'était délicieux. No schlingo comme au McDo.
Mais on a mangé aussi le californien organic, le mexicain veggy, et surtout, notre meilleur repas et le moins cher, un jour que nous avions la dalle à force de monter et descendre des collines : vietnamien.
A Chinatown, bien sûr.
C'est là.
Mais c'est pas celui-ci qui vend des poulpes oranges, des groins de porcs (à gauche) et des têtes de canard marinées (à droite), yummy yummy !
Le Vietnam, sur Broadway, est un couloir perçé dans la facade avec un bar qui parcourt toute sa longueur. D'un côté du bar, des tabourets, de l'autre, deux dames vietnamiennes dans leur cuisine. Les fours, les grills, le frigo, les casseroles, c'est en direct live devant ton estomac qui dégringole vers tes talons. Y'a plus de pousses de soja ? Ben pas grave, l'une des dames traverse la rue pour en acheter au marché d'en face. Tu choisis sur le menu et tout est réalisé devant tes yeux qui se brident de joie.
Et c'est bon, et frais et copieux et ça coute une misère. Du coup, je rêve d'aller en Asie, rien que pour la street food...
Enfin bref, en Amérique, y'a pas de gros et on mange divinement bien.
Ceci est un contre-cliché uniquement San Franciscain.