Le canap'
Longtemps, j'ai été gardienne de canapé en fin de vie.
Depuis 2006, en fait, lorsque j'ai changé de vie et regagné ma demeure familiale de Courbi avec ma fille sous le bras.
J'ai déjà raconté un peu, c'était hardos, l'impression de revenir à la case départ, donc échec, et l'occupation d'un logement ultra vieilli et entièrement décoré seventies.
Mon Père, merci mon Papa, m'a donc sauvé la mise en me laissant cet appartement, tapissé de couleurs impropables, peuplé de meubles trop gros et trop sombres, de tapis élimés et désuets. Et d'un canapé marron crotte de bouc, tout mollasson et déprimé, que j'ai gardé deux ans.
Mon amie MC me propose alors Bleubite, son canapé télé qui aspire à une retraite bien méritée après des années de service et de sévices enfantins devant le petit écran.
Je prends.
Exit Crotte-de-Bouc, emporté par les encombrants un petit matin mercredile.
Deux ans plus tard, Mac me propose de reprendre un canapé luxe mais totalement défraîchi de chez sa Maman dont on vide l'appartement. Exit Bleubite, bonjour Chintzou, un peu éventré, très coloré en rose et crème, que je recouvre illico d'un tissu. Les coussins glissent, faut retaper le truc tous les jours... lassant.
La semaine dernière, une fois les peintures refaites dans le Courbi-salon, j'ai cassé ma tirelire cochon et me suis payé un canapé NEUF ! Ouiiii, oeuf corse, chez Ikéa, pas chez Roche Bobois. Ouiii, bien sûr le premier prix.
Mais pour la première fois depuis fort longtemps, j'ai l'impression de n'être plus tout à fait infirmière dans une maison de retraite pour canapés cacochymes.
Je leur garde toutefois une vraie tendresse et je remercie les généreux donateurs sans qui le posage de cul devant l'apéro dînatoire ou la série télé n'aurait pas été possible !
Bienvenue, Noiraud !
Du coup, comme je suis bien dans mon salon, j'ai attaqué ma piaule et je gratte, je gratte...