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Prise de Chou
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10 mars 2015

Hiver 1960

On habitait rue Basli à Gennevilliers. Un studio au troisième étage.

La porte ouvrait sur une entrée minuscule directement face aux wawas.

A la droite de l'entrée, une cuisine dont je ne me souviens guère, à part ce plan de travail, tout à côté de l'évier. Une grosse planche de bois que l'on soulevait pour découvrir une petite baignoire. Cuisine-salle de bain. Tout en un !

Sur la gauche,  la chambre-salon-salle-à-manger et tout le toutim. Pour mes parents, un lit lambda. Pour moi, un fauteuil vert dépliant en moleskine avec accoudoirs de bois astiqués régulièrement au brou de noix. Brou de noix que j'ai un jour tenté  de lécher juste pour voir le goût que ça avait. C'est dégueulasse, je déconseille. Léchez des nougats, c'est plus Tron, ou du Nutella, c'est plus gras !

Maman travaillait le jour comme secrétaire chez Saint Gobain, entreprise vitreuse. Papa triait des paquets et des lettres pour les PTT, la nuit, dans un centre de tri - comme son nom l'indique, à Montparnasse.

 

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Lorsque je partais pour l'école maternelle, une poignée de préfabriqués disséminés dans des terrains vagues, Maman était déjà partie travailler. Bus, métro etc. Papa rentrait du boulot, métro, bus, etc, et me conduisait à l'école avant d'aller dormir.

Il faisait le petit-déjeuner, me préparait, et nous sortions dans la rue Basli. Notre petit studio était situé juste en face des usines Chausson. Des camions, des cheminées, des fumées. Un ciel perpétuellement obscurci.

Je me souviens d'un matin d'hiver, où la neige avait tout recouvert. L'école était assez loin, nous longions une grande rue en devenir dans des champs désertés - socles de futures barres d'immeuble. Papa m'a lancé une boule de neige pour jouer, et je l'ai prise en plein dans l'oeil. Je suis arrivée à l'école en pleurant, et puis bien sûr j'ai oublié vite.

Le soir, Maman est venue me chercher. Elle arrivait toujours tard, à cause des transports. J'étais souvent la dernière sur le petit banc à l'attendre. Ce soir là, elle m'a prise par la main et on a refait le long chemin enneigé vers cette satanée rue Basli. Je la trouvais tellement belle, avec ses talons hauts, ses robes ajustées, et surtout son foulard entouré autour du visage comme une vedette de cinéma.

 

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Arrivée à la maison, Papa était déjà parti trier du courrier à Montparnasse, mais il m'avait laissé comme un mot d'excuse pour la boule de neige mal lancée. Sur la table. Une boule aussi, dans un papier de cellophane en provenance de la boulangerie d'à côté.

C'était une orange. Une orange en bonbons. Chaque quartier était un bonbon. J'avais terriblement envie, mais je n'ai pas osé la "désunir" pendant des semaines.

Je me souviens encore de cette orange-bonbon.

 

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 Ca nous rajeunit pas !!!

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